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Les Etablissements Schneider

Economie sociale

Service Hospitalier

Après un historique du Creusot de 1253 à 1912, cet ouvrage (non signé) présente les "bienfaits" apportés par les Schneider à la population du Creusot. Véritable bible du paternalisme, on ne pourra réellement apprécier son contenu qu'en faisant un rapprochement avec le livre de Jean-Baptiste DUMAY : Un fief capitaliste.

Documents et textes d'après
"Les Etablissements Schneider - Economie Sociale"
1912 - Lahure Ed.

Economie Sociale

SERVICE HOSPITALIER

Au XVIIIème siècle, les ouvriers malades de la Fonderie Royale du Creusot étaient soignés à l'hôpital voisin de Montcenis qui avait obtenu des lettres patentes en 1737. Cet hôpital comprenait, en 1786, trente deux lits, répartis en quatre salles, et deux salons. Une salle de huit lits avait été fondée spécialement par la Direction de la Fonderie. « Si les circonstances décident à recevoir un plus grand nombre d'ouvriers de cet établissement, les Directeurs doivent traiter, pour les malades surnuméraires, avec MM. les Administrateurs de l'hôpital, qui admettent ces ouvriers sur le pied de vingt-quatre sols par jour, pour chaque malade.
MM. les Administrateurs apportent le plus grand soin à ce que les malades soient bien servis ; les Sœurs de la Charité secondent leurs vues bienfaisantes. Les malades sont bien nourris et tenus proprement; leur pain est de la première qualité ; on leur donne d’excellent bœuf, du veau, du mouton, un vin bien mûr et de bonne qualité (Mémoire concernant la Fonderie Royale du Creusot, près Montcenis, rédigé par M. Guyton le jeune, médecin il Autun, 1786.) »
En 1837, MM. Schneider établirent une première infirmerie leur appartenant, et au voisinage immédiat de l'usine du Creusot Elle fut remplacée, en 1845, par une Infirmerie-hôpital, construite sur un emplacement situé entre l'aciérie Martin et la fonderie d'acier actuelles. Cette seconde infirmerie étant à son tour devenue insuffisante, par suite du rapide développement du Creusot, on édifia, en 1863, dans une enclave du parc de la Verrerie, une nouvelle Infirmerie-hôpital, plus spacieuse. Cette infirmerie se composait d'un vaste corps de bâtiment, de 62 mètres de long sur 10 mètres de large, à deux étages, renfermant vingt lits, des salles d'opérations, des cabinets de consultation, une pharmacie, une salle de bains, une lingerie et diverses dépendances; elle fonctionna jusqu'à l'ouverture de l'Hôtel-Dieu.

Le Creusot - Infirmerie Hôpital (1863)

Le jour de l'inauguration de la statue de M. Eugène Schneider, en 1879, fut ouvert, rue Chaptal, un autre Hôpital, doté par la famille Schneider et destiné à soigner les membres du personnel. Dans la pensée de ses fondateurs, cet établissement devait être remplacé, dans un avenir peu éloigné, en même temps que l'Infirmerie, par une organisation beaucoup plus importante et réellement proportionnée, à tous égards, au chiffre de la population, qui dépassait alors 27 000 âmes, alors qu'en 1836 elle ne comprenait que 3 117 habitants.
En effet, en 1888-1889, Mme veuve Eugène Schneider, M. et Mme Henri Schneider et M. Eugène Schneider constituèrent une très large part du capital nécessaire à la fondation et à l'édification de l'Hôtel-Dieu actuel. Ils furent secondés, dans leur initiative, par une importante subvention des Établissements Schneider et par quelques dons particuliers. Cet Hôtel-Dieu était substitué à la fois à l'Hôpital de la rue Chaptal et à l'Infirmerie ; il devait d'ailleurs, indépendamment des membres du personnel de l'Usine et de leur famille, accueillir, dans la limite des places disponibles, les malades ou les blessés de la ville et des environs du Creusot, et même les étrangers en résidence temporaire au Creusot.
Les bâtiments, commencés en 1889, furent inaugurés le 15 septembre 1894, à l'occasion du mariage de M. Eugène Schneider avec Mlle de Rafélis Saint-Sauveur.
Les frais de construction et d'installation s'étaient élevés à près de deux millions de francs.
De multiples aménagements successifs ont été effectués et, en 1911 encore, a été ouvert le Pavillon Antoinette, comprenant un service spécial de chambres particulières, des galeries de cure d'air et un laboratoire médical. Cette annexe a coûté 250 000 francs environ.
Une aile d'un pavillon est réservée comme hôpital militaire. Cette section est autonome au point de vue administratif et médical; ses rapports avec l'Hôtel-Dieu sont réglés par un accord passé avec le Département de la Guerre. Un traité est également intervenu avec la Compagnie du chemin de fer Paris-Lyon pour les soins à donner à ses agents blessés ou malades de la région.
Les incurables et les aliénés ne sont reçus qu'à titre provisoire, en attendant l'accomplissement des formalités exigées pour leur admission dans des asiles spéciaux.
Enfin, depuis janvier 1908, l'Hôtel-Dieu est désigné par l'autorité militaire pour être converti en hôpital temporaire de territoire en cas de mobilisation.


L'administration générale de l'établissement est confiée à une Commission spéciale, nommée par le Conseil d'administration de la Maison de retraite et de l'Hôtel- Dieu.
Le Chirurgien et le Médecin en chef ont chacun la direction de leurs services respectifs; ils se suppléent pour assurer la garde permanente de l'établissement, le jour et la nuit. Ils sont secondés par des infirmiers de visite et de pansement.
Le service hospitalier et les services accessoires sont assurés par des Religieuses de Notre-Dame des Sept-Douleurs, dont la maison mère est à Besançon. Les Religieuses ont sous leurs ordres des infirmiers et des infirmières de salle et un personnel domestique. La Supérieure des Religieuses a la direction du service intérieur de l’Hôtel- Dieu. Des infirmières libres, recrutées parmi les jeunes filles de la ville, peuvent être admises à donner leurs soins aux malades, sous la direction des Sœurs, qui apprécient beaucoup leur dévouement.

Le service religieux est confié à un aumônier. Le pasteur protestant du Creusot ou les ministres d'autres cultes ont libre accès dans les salles auprès de leurs coreligionnaires.
L'admission des malades et des blessés est prononcée par le Chirurgien ou par le Médecin en chef, qui délivrent aux intéressés, ou à leur famille, un bulletin d'entrée. En cas d'urgence, bien entendu, l'admission ne nécessite aucune formalité.
Le séjour à l'Hôtel-Dieu et les soins, tant chirurgicaux que médicaux, sont gratuits pour les ouvriers de l'Usine. Les membres de leur famille peuvent être hospitalisés moyennant un versement d'un franc par jour; le surplus des frais reste à la charge des Établissements Schneider.
Des chambres sont réservées aux malades payants. Ceux-ci peuvent être accompagnés par une personne de leur choix, logée et nourrie aux conditions d'un tarif très modéré; ils supportent les frais d'opération, également suivant un tarif modéré établi par le service chirurgical.
Les employés des Établissements Schneider bénéficient d’un tarif spécial réduit pour leur admission dans les chambres particulières; de plus ils ne payent pas de frais d'opération.
Les malades non hospitalisés et le public sont admis à prendre des bains et des douches, à user des appareils de mécanothérapie et d'électrothérapie, à des conditions fixées.
Les sorties des malades ou des blessés ne doivent normalement avoir lieu que sur avis conforme du Chirurgien ou du Médecin en chef. Les hospitalisés non guéris peuvent toutefois, quand cela ne présente plus de danger, quitter l'Hôtel-Dieu, sur leur demande, mais le fait est constaté et consigné par le service intéressé.


Dispositions générales. - Les bâtiments et les jardins, complètement entourés de murs, occupent une superficie de près de six hectares. De chaque côté de la grille d'entrée se trouve un pavillon indépendant : l'un, destiné aux consultations journalières, contient notamment une grande salle d'attente et trois salles de visites et de pansements pour les blessés et les malades non hospitalisés; l'autre abrite le service de la pharmacie : laboratoire de préparation des médicaments et sirops, herboristerie, laboratoire d'analyses, salle de distribution des remèdes, salle d'attente.

Le Creusot - L'Hôtel Dieu

L'édifice principal, dans lequel sont groupés les services de médecine et de chirurgie, se compose d'un bâtiment de 86 mètres de longueur, surmonté d’un dôme central, et de deux ailes de 28 mètres aux extrémités.

Le Creusot - Hôtel Dieu - Laboratoire de chirurgie>

Les sous-sols, largement éclairés par de grandes fenêtres, contiennent les caves, les chaudières, les salles de mécanothérapie, d'électrothérapie et de radiographie, des cellules pour les aliénés, les réfectoires et les dortoirs pour le personnel domestique.

Le Creusot - Hôtel Dieu - Salle d'opérations aseptiques

Le rez-de-chaussée, surélevé de 2 m. 50 par rapport au sol, et divisé en deux parties par un couloir longitudinal, renferme : le hall d'entrée, la chapelle, les salles d'opérations et de pansements, les salles de blessés et leurs annexes, quelques chambres à deux lits, le réfectoire des hospitalisés valides, les salles militaires (auxquelles on accède par une entrée spéciale), la cuisine et ses dépendances.

Le Creusot - Hôtel Dieu -Salle d'opérations septiques

Le premier étage, desservi comme le rez-de-chaussée par un large couloir, comprend: les salles des malades et leurs dépendances, la maternité, la lingerie, la salle du Conseil, la tribune de la chapelle et la communauté des Religieuses.
Au deuxième étage se trouvent encore des salles de malades avec leurs annexes, les vestiaires des malades, des dortoirs pour le personnel, les magasins et le fruitier. Dans les combles du dôme central sont placés les réservoirs d’eau et leurs filtres. Un ascenseur électrique, assez spacieux pour permettre de transporter les blessés ou les opérés sur un lit roulant, dessert tous les étages, des sous sols aux combles.

Le Creusot - Hôtel Dieu - Une partie de la salle de mécanothérapie


Salles des blessés et des malades. - Les salles communes du rez-de-chaussée sont affectées au service de chirurgie, celles du premier et du second étage au service de médecine. Les femmes et les enfants occupent la partie Est du bâtiment, les hommes la partie Ouest.

Le Creusot - Hôtel Dieu - Salle de radiographie

Les grandes salles des ailes, à deux rangées de douze lits, sont largement éclairées, sur tout le pourtour, par des ouvertures de 3 m. 60 de hauteur, à double fenêtre, surmontées d'impostes à châssis mobile. En admettant les salles complètement occupées, chaque malade dispose d’un volume d'air de quarante-huit mètres cubes, chiffre des plus satisfaisants. Les autres salles communes, à une seule rangée de lits, installées de la même manière, assurent à chaque malade de cinquante-cinq à soixante mètres cubes d'air.
Le sol est en mosaïque ou carrelé, avec angles à coins arrondis pour faciliter les nettoyages. Les lits sont entièrement métalliques, avec sommier à lames d'acier (système Herbet). Les matelas, du système du Docteur Duguet, sont en trois morceaux accolés, disposition qui simplifie les mesures d'hygiène.

Le Creusot - Hôtel Dieu - Salle d'électrothérapie

Les tables de nuit, en fer, ont deux étagères en porcelaine ; de grandes tables en chêne ciré, des fauteuils et des chaises en bois complètent l'ameublement.


Chambres d'isolement et chambres particulières. - Ces chambres sont toutes à deux lits, afin que les malades puissent y habiter avec une personne de leur famille ou une garde ; leur disposition d'ensemble est la même que pour les salles ; les chambres d'isolement donnent la faculté de soigner, d'une façon temporaire, sans contact avec les autres malades, certaines affections graves ou exigeant un repos plus complet. Elles permettent aussi, dans la plupart des cas, d'isoler les mourants.

Le Creusot - Hôtel Dieu - LE laboratoire d'analyses


Réfectoires. - Les réfectoires, aménagés près des grandes salles, permettent aux convalescents de prendre leurs repas en dehors des salles communes, de fumer et de jouer sans fatiguer les alités.

Hôtel Dieu du Creusot - Une salle de malades

A chaque étage, aux extrémités du couloir central, sont groupés les locaux annexes des salles: La tisanerie, servant en même temps de bureau aux Sœurs garde-malades, contient une armoire à linge, une vitrine pour les instruments, les objets de pansement et les médicaments. Elle est également pourvue de réchauds à gaz, d'une distribution d'eau chaude et d'eau froide et d'un filtre Chamberland pour l'eau destinée à la boisson.

Le Creusot - Hôtel Dieu - La pharmacie

Un cabinet d'infirmier, ayant vue sur deux salles, assure une surveillance facile des malades.
Des lavabos, des salles de bains, avec baignoires fixes et roulantes, et des WC à chasse d'eau complètent l'installation.
Salles d'opérations et de pansements. - Il existe deux salles d'opérations et de pansements, dont l'une est réservée aux aseptiques. Celle-ci est précédée d'un vestibule, communiquant avec une chambre dans laquelle on peut anesthésier les malades, avant de les porter sur la table d'opérations. La salle, en encorbellement, présente une forme polygonale. Elle est éclairée, sur toute la partie en saillie, par des baies à double châssis vitré et par un plafond également vitré, qui diffusent parfaitement la lumière. Un éclairage artificiel très complet permet de procéder, la nuit, aux opérations urgentes. Un enduit émaillé recouvre toutes les parois et toutes les parties qui peuvent être peintes; il permet une facile asepsie.
L'air de cette salle est filtré, par son passage à travers une colonne de coke, imbibé de glycérine, qui retient les poussières et les microbes; un ventilateur électrique en assure le renouvellement en quantité suffisante.
La salle d'opérations des aseptiques communique avec le laboratoire de chirurgie, où sont installés des appareils de stérilisation, alimentés par des filtres Chamberland et distribuant l'eau bouillie, chaude et froide, dans le laboratoire même et dans les deux salles d'opérations. Ce laboratoire contient également divers autoclaves et stérilisateurs, ainsi qu'une table de cristal pour la préparation des malades.
La deuxième salle d'opérations et de pansements est destinée aux opérations septiques. Son installation est basée sur les mêmes principes que celle de la salle des aseptiques.

Le Creusot - Hôtel Dieu - Chambre du pavillon Antoinette

Le chauffage est obtenu par des radiateurs à eau chaude, donnant une température à la fois douce, facilement réglable et très hygiénique. La ventilation se fait au moyen de vitres perforées, placées au sommet des hautes fenêtres, et de gaines de circulation d'air, aboutissant à des lanterneaux placés au-dessus des charpentes.
L'éclairage électrique est installé dans tout l’établissement. Entre les lits des salles et dans chaque chambre sont placées des prises de courant, qui permettent d'adapter une lampe mobile pour éclairer un malade nécessitant des soins pendant la nuit.
Les canalisations d'eau filtrée, chaude et froide, sont très complètes et ont été étudiées de manière à laisser en saillie sur les murs le minimum de tuyaux possible.

Le Creusot - Hôtel Dieu - Une galerie de cure d'air du pavillon Antoinette

Le service du linge est assuré au moyen de deux gaines voisines, mais complètement étanches l'une par rapport à l'autre. La première, munie d'un monte-charges, permet de distribuer le linge propre à chaque étage; la seconde, entièrement revêtue de zinc et percée d'ouvertures, dont les portes ferment à frottement dur, conduit directement les linges souillés aux sous-sols, dans des caisses, transportées aussitôt à la buanderie.


Service spécial de chambres particulières. - Il occupe tout le premier étage du Pavillon Antoinette et ne comprend que des chambres destinées aux malades payants. Ces chambres sont installées avec les derniers perfectionnements de l'hygiène et tout le confortable compatible avec leur destination. Toutes les chambres sont à deux lits, dont un pour le malade et le second pour la garde; celles qui ne comportent pas une salle de bains ou un cabinet de toilette séparés, avec WC à chasse d'eau, contiennent au moins un lavabo à eau chaude et froide.
Le parquet est en terrazolith, tous les murs sont recouverts de peinture émaillée. Le chauffage, l'éclairage et les dépendances des chambres sont installés dans les mêmes conditions que dans les services principaux.


Salle de mécanothérapie. - Les appareils, du système Zander, au nombre de quarante-cinq, sont répartis dans une salle de 22 mètres de longueur sur 9 mètres de largeur. Ils comprennent trente-quatre machines passives et onze machines actives. Chacune de ces dernières est actionnée électriquement par un motcur spécial.
Cette très importante installation, aménagée récemment, donne des résultats précieux pour réduire le temps nécessaire à la guérison de certaines blessures, ainsi que pour le traitement des scolioses et de plusieurs autres affections.


Salle d'électrothérapie. - Elle renferme tous les appareils permettant de faire des applications de courants faradiques, galvaniques, à haute fréquence et d'électricité statique.


Salle de radiographie. - Elle contient tous les appareils et accessoires pour la radiographie, la radioscopie et la radiothérapie.
Ces installations sont complétées par un laboratoire de photographie et par un atelier pour la fabrication des appareils orthopédiques en celluloïd.


Laboratoire médical et dépendances. - Le laboratoire proprement dit comporte des installations complètes, permettant de faire :
Des recherches bactériologiques urgentes (diphtérie, tuberculose, typhoïde, analyse d'eau);
Les études anatomiques et pathologiques nécessitées par les services de chirurgie et de médecine;
Les analyses chimiques sortant de la pratique courante du laboratoire de pharmacie (analyses de lait, de suc gastrique, d'urine; dosages, vérifications des fournitures, etc.) ....
Une salle spéciale contient des étuves, à gaz et électriques.
Le laboratoire se charge également, pour le compte de la ville, des opérations ressortissant au service municipal d'hygiène.
Au laboratoire sont annexés le musée et la bibliothèque. Dans le musée sont exposées les pièces anatomiques intéressantes, provenant d'opérations faites par le service de chirurgie, ainsi que tous les documents, moulages, photographies, radiographies, etc., recueillis dans la pratique journalière et présentant un intérêt scientifique. La bibliothèque, ouverte à tous les médecins du Creusot, contient les ouvrages classiques ainsi que la plupart des publications périodiques françaises de médecine et de chirurgie.


Cure d'air. - Au second étage du Pavillon Antoinette, mais communiquant par une galerie séparée avec le bâtiment principal, sont aménagées des galeries de cure d'air et de lumière, exposées au midi. Les convalescents et certains malades y sont installés sur des chaises longues ou dans des fauteuils. Les bons effets de ce traitement sont très appréciés, en particulier pour la période de convalescence d'un certain nombre de blessés.
Pavillon des contagieux. - Il est complètement isolé et situé au fond du jardin. Il comprend des chambres à deux lits n'ayant aucune communication entre elles. La partie centrale est occupée par l'infirmier, qui peut exercer une surveillance continuelle, au travers de cloisons vitrées, dans les différentes chambres. Il ne peut pénétrer dans celles-ci sans passer par une galerie extérieure couverte. Un petit bâtiment indépendant, relié au pavillon par une galerie, contient une salle pour le linge usagé et les WC. Ces dispositions permettent d'obtenir un isolement très rigoureux des malades.


Pavillon mortuaire. - Ce bâtiment, isolé également au milieu des arbres, près du mur d'enceinte, contient une salle d'autopsie, une salle d'exposition, une salle pour recevoir les familles des défunts et une chapelle où se fait la levée du corps. Les convois sortent par une porte spéciale sans traverser l'établissement.
Dans les jardins se trouvent encore, comme annexes principales: le pavillon des bains, réservé au public et aux malades non hospitalisés; la buanderie, la salle de repassage et une salle de désinfection, dont l'étuve permet de stériliser les objets contaminés de l'Hôtel-Dieu et ceux qui peuvent être apportés de l'extérieur.


L'Hôtel-Dieu, avec ses annexes, possède, au total, pour les malades et les blessés, 271 lits, répartis de la manière suivante
Chirurgie hommes............................................................................................................................. 34 lits
Chirurgie femmes.............................................................................................................................. 20 lits
Médecine hommes............................................................................................................................ 86 lits
Médecine femmes et maternité........................................................................................................... 51 lits
Chambres d'isolement........................................................................................................................ 18 lits
Pavillon des contagieux...................................................................................................................... 12 lits
Chambres du Pavillon Antoinette........................................................................................................ 22 lits
Salles militaires.................................................................................................................................. 12 lits
Lits d'enfants et berceaux................................................................................................................... 16 lits
En service courant, 120 lits environ sont occupés en moyenne; l'on est donc en mesure de parer aux plus larges imprévus et de réserver à l'autorité militaire, en cas de mobilisation, un nombre important d'hospitalisations.
Dans une publication, parue en 1901 et couronnée par l'Académie Française (Voyages en France – 25ème Série - Basse-Bourgogne et Sénonais, par M. Ardouin Dumazet. Paris, Berger-Levrault, 1901, p. 54 et 55.), M. Ardouin Dumazet résumait ainsi, avant les récentes améliorations, ses impressions sur le service hospitalier du Creusot : « L'Hôtel-Dieu est certainement, sinon par l'étendue, au moins par le confort, le bien-être, la beauté et la surface des jardins, le plus remarquable établissement de ce genre que l'on rencontre en France.
Cet établissement, merveilleusement tenu, réalise tous les progrès de l'hygiène moderne. Les moindres désirs des médecins, toutes les indications de la science pour l'antisepsie ont été satisfaits. La conception de l'Hôtel-Dieu a été d'une ampleur remarquable. »

L'HOPITAL COLLECTIF DE BRIEY


Dans leur mine de Droitaumont, MM. Schneider n'ont pu, à cause du nombre relativement restreint de leurs ouvriers, songer à organiser, comme au Creusot, un hôpital comportant l'ensemble des services nécessaires, et, cependant, l'éloignement de tout établissement hospitalier exigeait que l'on prît des dispositions spéciales.

L'hôpital collectif de Briey

A Droitaumont même, ils ont installé, ainsi que nous l'avons indiqué' une infirmerie, capable d'assurer les premiers secours; cette infirmerie comporte une salle d'attente, une salle de distribution des remèdes, le cabinet de consultation du docteur, pouvant être transformé en salle d'opérations, une salle de trois lits et une salle de bains.
Comme il ne paraissait pas possible à MM. Schneider, avec les moyens dont dispose cette infirmerie, de procurer à leurs ouvriers malades ou blessés tous les soins susceptibles d'assurer leur complète et rapide guérison, ils se sont arrêtés à l'organisation suivante :
Pour les malades et les blessés qui doivent être hospitalisés, un certain nombre de mines et d'usines de la région, parmi lesquelles figurent les Établissements Schneider, ont fondé une Société anonyme, à capital variable, qui a entrepris l'installation, à Briey, d'un Hôpital Collectif, dont elle assurera la gestion. Cet hôpital, actuellement en construction, pourra, sauf imprévu, être inauguré vers le milieu de 1913. Établi avec les derniers perfectionnements, il est prévu pour disposer, dès maintenant, d'environ cent lits et comprendra des services de chirurgie et de médecine, ainsi que des sections de mécanothérapie, de radiographie et d'électrothérapie; pour son édification et ses installations, on s'est largement inspiré de l'Hôtel-Dieu du Creusot.
Exclusivement réservé, en principe, aux ouvriers et employés des fondateurs de la Société anonyme, il sera surtout organisé en vue du traitement des blessés; toutefois, dans la proportion des places disponibles, il pourra recevoir des malades. Des salles spéciales seront aménagées pour les femmes. Un service d'ambulances automobiles effectuera le transport des blessés entre le lieu de l'accident et l'hôpital.

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