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Les Etablissements Schneider

Economie sociale

Les premiers soins aux malades et aux blessés

Après un historique du Creusot de 1253 à 1912, cet ouvrage (non signé) présente les "bienfaits" apportés par les Schneider à la population du Creusot. Véritable bible du paternalisme, on ne pourra réellement apprécier son contenu qu'en faisant un rapprochement avec le livre de Jean-Baptiste DUMAY : Un fief capitaliste.

Documents et textes d'après
"Les Etablissements Schneider - Economie Sociale"
1912 - Lahure Ed.

Economie Sociale

LES PREMIERS SOINS AUX MALADES ET AUX BLESSES

En dehors des mesures prises pour assurer des soins dévoués et efficaces à leurs agents malades ou blessés, soit à domicile, soit par hospitalisation, MM. Schneider se sont préoccupés de constituer, dans leurs usines mêmes, une organisation permanente de premiers secours. Cette organisation peut remédier utilement, par ses seuls moyens, à des malaises bénins ou à des blessures très légères et, pour les cas plus sérieux, elle permet d'attendre, dans les meilleures conditions de sécurité, l'intervention du médecin ou du chirurgien. Elle comprend, au point de vue personnel, les « Ouvriers-infirmiers » et, comme installations matérielles, les « Postes de Secours ».
Les Ouvriers-infirmiers, choisis parmi les sujets les plus intelligents et susceptibles d'acquérir la délicatesse de main souvent indispensable, reçoivent à l'Hôtel-Dieu du Creusot, sous la direction du Chirurgien et du Médecin en chef, une instruction préalable, théorique et pratique, qui comporte des notions d'hygiène générale, d'asepsie, et quelques connaissances médicales élémentaires.
A la fin de leur stage, ils doivent être capables de remplir toutes les fonctions d'infirmier et, de plus, ils sont habitués à faire eux-mêmes des pansements simples.
Lorsqu'ils ont repris, dans leurs services respectifs, leur travail normal, choisi autant que possible dans les postes sédentaires, ils restent, au point de vue médical, sous la direction du Chef du service d'hygiène. Celui-ci leur fait périodiquement des conférences, en s'efforçant de traduire en langage d'atelier les prescriptions à leur donner; à leur tour, ils ont pour mission de répandre le plus possible parmi leurs camarades les indications reçues. De plus, chaque Ouvrier-infirmier possède un règlement auquel il doit, en toutes circonstances, scrupuleusement se conformer et qui fixe les règles à suivre notamment pour les principaux accidents professionnels : blessures avec ou sans plaie, hémorragies, fractures, brûlures, asphyxie, syncope, congestions, etc ....

Voiture pour le transport des blessés
Les Ouvriers-infirmiers ne doivent soigner eux-mêmes que les blessures sans aucune gravité, ou les malaises passagers. Dès qu'ils peuvent avoir le moindre doute sur le caractère plus sérieux du cas qui leur est soumis, ils doivent ne faire qu'un pansement provisoire et envoyer, dans le plus bref délai, leur camarade atteint à l'autorité médicale compétente.
Pour les cas où il est nécessaire d'avoir un pansement aseptique, les infirmiers disposent de tels pansements, enfermés dans des enveloppes cachetées. Grâce à un procédé spécial on peut retirer les pansements et les appliquer sur la plaie sans y toucher.
Cette institution, déjà ancienne, a prouvé dès le début et continue à témoigner sa très réelle efficacité. Elle permet, dans bien des cas, par la rapidité de sa mise en œuvre, d'éviter l'aggravation de symptômes fâcheux ou des suites d'accidents


. Elle produit ces heureux effets non seulement grâce à l'intervention survenue à temps, mais aussi par une sorte d'influence morale. Souvent l'ouvrier, désireux de ne pas interrompre son travail, peu habitué d'ailleurs à se préoccuper de sa santé et « dur au mal », suivant l'expression consacrée, hésiterait, s'il n'est que légèrement atteint, à suspendre sa « journée » et plus encore à aller chez un médecin, même pour une consultation gratuite. Au contraire, sachant qu'il peut obtenir dans son atelier même, sans pour ainsi dire perdre de temps, les soins immédiats d'un camarade, il ira le trouver sans hésiter. Et s'il n'a qu'une écorchure, une brûlure légère, il pourra, après un pansement, reprendre son travail, sans avoir à craindre une inflammation ou une infection. Au contraire, si l'Ouvrier-infirmier juge qu'il y aurait inconvénient à la reprise du travail - et sa consigne est de pécher plutôt par excès de prudence - il enjoint au malade ou au blessé d'aller d'urgence se montrer au médecin ou au chirurgien.
Au Creusot, chaque Ouvrier-infirmier est attaché à un Poste de Secours. Ces postes, répartis dans l'Usine, au nombre de un ou deux par service, sont toujours à proximité des principaux centres de travail. Ils sont constitués par une petite salle dont les parois, recouvertes d'une peinture émail, sont facilement lavables. Ils comportent, en particulier une armoire à médicaments et à pansements, un lavabo et une table pour les soins.
A côté de cette salle, et communiquant avec elle, se trouve une deuxième pièce, qui contient une voiture d'ambulance à bras, bien suspendue et à mouvements très doux, pour le transport des blessés à l'Hôtel-Dieu. Cette voiture soutient, au moyen d'un système de courroies, un brancard amovible sur lequel on peut déposer les blessés avec le minimum de mouvements et de souffrance. Étant données les faibles distances à parcourir, ces voitures, toujours entretenues en état de service et immédiatement disponibles, sont considérées comme supérieures à une ambulance automobile, garée dans un poste central, et qui devrait desservir un certain nombre de services différents.

Le Creusot - Un poste de secours

Dans les Établissements où le chiffre du personnel ne justifiait pas la création d'un service hospitalier autonome, les Postes de Secours, plus développés, constituent une véritable Infirmerie, où peuvent être, très provisoirement, installés et soignés les malades ou les blessés, en attendant leur transport à leur domicile ou à l'hôpital le plus voisin. C'est ainsi que sont organisées les Infirmeries des houillères de Decize, de Chalon-sur-Saône et de Champagne-sur-Seine, du Havre et d'Harfleur, de Droitaumont.

L'infirmerie de la mine de Droitaumont

Si nous prenons, à titre d'exemple, l’infirmerie de Champagne-sur-Seine, nous y trouvons:
1° Une salle de pansements renfermant : une distribution d'eau bouillie chaude et froide, une armoire à médicaments et une armoire à pansements ;
2° Une salle de consultation ;
3° Une salle contenant une table d'opérations, pour les cas d'extrême urgence, et un lit.

Dans ces différents centres, en dehors des infirmiers du service normal, un médecin attaché à rétablissement vient, plusieurs fois par semaine, donner une consultation et faire les pansements aux ouvriers, qui, moyennant cette précaution, ne sont pas obligés d'interrompre leur service.

Une salle de l'infirmerie des ateliers d'Harfleur

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