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Les Etablissements Schneider

Economie sociale

Les sociétés coopératives de consommation

Après un historique du Creusot de 1253 à 1912, cet ouvrage (non signé) présente les "bienfaits" apportés par les Schneider à la population du Creusot. Véritable bible du paternalisme, on ne pourra réellement apprécier son contenu qu'en faisant un rapprochement avec le livre de Jean-Baptiste DUMAY : Un fief capitaliste.

Documents et textes d'après
"Les Etablissements Schneider - Economie Sociale"
1912 - Lahure Ed.

Economie Sociale

LES SOCIETES COOPERATIVES DE CONSOMMATION

Antérieurement à 1870, dans le but d'améliorer la situation matérielle de leurs agents, les Établissements Schneider avaient ouvert un Économat au Creusot. Cet Économat, qui n'admettait comme clients que les membres du personnel, vendait toutes les marchandises au prix de revient, majoré des seuls frais généraux.
Les ouvriers et employés conservaient, bien entendu, la plus entière liberté de recourir ou de ne pas recourir à l'Économat, et, en fait, sa clientèle ne représentait qu'une minorité de l'effectif du personnel. Etablie sur ces bases, l'institution rendait d'incontestables services et échappait aux reproches qui ont fait si violemment attaquer des œuvres analogues; mais, comme partout, elle suscita, de la part du commerce local, une opposition telle que les Établissements Schneider crurent devoir y renoncer.
Peu à peu cependant, le désir d'obtenir aux prix les plus réduits des fournitures de bonne qualité amena les ouvriers à se substituer eux-mêmes à l'initiative patronale; autour de la plupart des Établissements Schneider, et avec les encouragements de ceux-ci, se fondèrent des sociétés coopératives de consommation autonomes. Au Creusot et dans les autres Établissements, près de 40 Sociétés coopératives fournissent actuellement à leurs membres : le pain, le vin, l'épicerie, la mercerie, voire même les vêtements.
Désirant simplement signaler l'heureux développement de l'esprit de mutualité coopérative parmi les membres du personnel, nous n'entrerons point dans le détail de l'organisation et du fonctionnement de ces différentes Sociétés, dont les statuts, assez analogues dans leurs grandes lignes, se rapprochent de ceux de tant de groupements semblables qui se multiplient en France depuis une trentaine d'années.
Nous noterons seulement les quelques points suivants : presque toutes les sociétés, se conformant à des usages locaux fortement enracinés, vendent à crédit de quinzaine; quelques-unes, toutefois, et, en particulier, la « Ruche » d'Harfleur, ont réussi à introduire la vente exclusive au comptant. C'est là un progrès certain, l'achat au comptant étant, pour les familles ouvrières surtout, à la fois une sauvegarde contre les dépenses disproportionnées avec le budget et une incitation à la prévoyance. A la « Ruche », la vente au comptant n'est suspendue que dans le cas de maladie d'un des sociétaires, et les livraisons alors faites à crédit ne peuvent dépasser et même atteindre l'apport social.
Plusieurs de ces Sociétés, accentuant leur œuvre mutualiste, assurent à leurs membres et à la famille de ceux-ci, moyennant une faible cotisation mensuelle, la fourniture gratuite, en cas de maladie, du pain et de l'épicerie pendant plusieurs mois. Si la maladie d'un sociétaire se prolonge, une allocation en argent lui est versée, et si le sociétaire meurt, sa veuve reçoit gratuitement du pain pendant quelques mois. A Champagne-sur- Seine, la « Concorde » verse à ses sociétaires malades et blessés une subvention journalière en argent d'un franc pendant six mois et peut, au delà de ce délai, leur accorder un secours.
En général, ces diverses sociétés vendent à un prix commercial, mais, en fin d'exercice, ou deux fois par an, elles répartissent entre leurs membres toute la partie de leurs bénéfices qui n'est pas conservée pour la réserve statutaire ou comme fonds de secours. Tantôt cette répartition est faite sous forme de déduction sur les prix de vente pour la période suivante, tantôt sous forme d'une ristourne globale, au prorata des achats de chacun.
Cette dernière disposition paraît excellente : elle donne au budget ouvrier une certaine élasticité, par rapport, à des intervalles éloignés, d'une somme indépendante du salaire journalier ou de la paye de quinzaine. Combien de fois cette somme, malgré tout un peu imprévue, doit être la bienvenue pour aider au payement d'un terme de loyer, pour permettre d'acheter quelque meuble ou pour faciliter la constitution d'une petite épargne.

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