Les Etablissements Schneider
Economie sociale
Allocations diverses
Après un historique du Creusot de 1253 à 1912, cet ouvrage (non signé) présente les "bienfaits" apportés par les Schneider à la population du Creusot. Véritable bible du paternalisme, on ne pourra réellement apprécier son contenu qu'en faisant un rapprochement avec le livre de Jean-Baptiste DUMAY : Un fief capitaliste.
Documents
et textes d'après
"Les Etablissements Schneider - Economie Sociale"
1912 - Lahure Ed. |
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ALLOCATIONS DIVERSES
Chauffage. - Les ouvriers titulaires mariés des Établissements Schneider, où se trouvent des houillères, reçoivent gratuitement, en dehors de leur gain journalier, neuf « chauffes » (soit 54 hectolitres de charbon) par an. Les ouvriers veufs, avec ou sans enfants, conservent le bénéfice du chauffage gratuit s'ils vivent dans leur ménage ou s'ils habitent avec leurs parents n'ayant pas droit au chauffage. En principe, les ouvriers célibataires n'ont pas droit au chauffage ; toutefois le bénéfice peut leur en être accordé s'ils sont soutiens de famille.
Si la quantité de charbon donnée à un ouvrier n'est pas suffisante pour sa consommation, il peut en acheter une provision supplémentaire à prix réduit. De même, le personnel employé obtient, à ce même prix réduit, tout le combustible dont il peut avoir besoin.
A Paris, les Établissements Schneider procurent également, aux membres de leur personnel qui le désirent, tout le combustible qui leur est nécessaire, à des prix comportant une réduction moyenne de 15 à 20 % sur ceux du commerce et avec l'avantage, intéressant dans une grande ville, de l'approvisionner par petites quantités.
Cherté des vivres. - Depuis 1910, en raison de l'augmentation de prix subie par certaines denrées, surtout pendant l'hiver, les Etablissements Schneider ont accordé, temporairement, à une partie de leur personnel, une allocation mensuelle, variable avec le salaire ou les appointements et avec le nombre d'enfants ou de parents à la charge de l'agent. Profitent de cette allocation tous les ouvriers recevant moins de 4 fr. 75 par jour et tous les employés dont les appointements n'atteignent pas de 2 000 à 2 400 francs (suivant l'établissement auquel ils appartiennent). Ces allocations ont atteints, pour l'exercice 1910- 1911, près de 150 000 francs.
Boissons hygiéniques. - Pendant toute la période des chaleurs, des distributions de café ou de boissons hygiéniques sont faites aux ouvriers et aux employés. Dans bien des cas, cette mesure est un utile complément de la propagande contre le développement de l'alcoolisme.
Familles nombreuses. - Depuis le l'" août 1892, les employés et ouvriers, ayant plus de cinq enfants âgés de moins de quinze ans, reçoivent, pour leur sixième enfant et les suivants, une subvention mensuelle de cinq francs par enfant. Les orphelins de père et de mère, recueillis par un parent occupé dans les Établissements Schneider, comptent chacun pour un enfant, si leur père faisait aussi partie du personnel au moment de son décès.
Réservistes et territoriaux. - Les ouvriers, travaillant au moins depuis trois mois au moment de leur convocation, reçoivent, pendant le temps de leur période, une allocation journalière égale au tiers de leur salaire, avec un maximum de deux francs.
Les employés n'ont droit, en principe, à aucune rémunération pendant la durée de leur service; toutefois, en fait, les f:tablissements Schneider leur versent, en fin d'exercice, la totalité des appointements qu'ils n'ont pas touchés, s'ils sont mariés, et la moitié s'ils sont célibataires.
Avances. - En dehors des avances, destinées à faciliter la possession du foyer, MM. Schneider consentent, dans des circonstances spéciales, à venir en aide à leur personnel, au moyen de prêts.
Il doit bien être entendu qu'un agent ne doit recourir à un pareil emprunt que si une circonstance imprévue, un fait exceptionnel, vient, momentanément, détruire l'équilibre de son budget (maladie prolongée, décès, mariage, accroissement de famille rendant nécessaire l'acquisition de mobilier, etc.).
Veuves et orphelines d'ouvriers et d'employés. - On réserve de préférence à des veuves ou à des orphelines d'agents les postes disponibles de dactylographes ou de téléphonistes. D'autre part, en dehors des secours spéciaux qui peuvent leur être attribués, on cherche à améliorer la situation des veuves ou des orphelines d'ouvriers nécessiteuses, grâce à l'assistance par le travail. On leur confie certains ouvrages, tels que le lavage et le raccommodage du linge et de vêtements appartenant aux Usines. Elles peuvent aussi devenir gardes de la Maison de Famille du Creusot.
Bureau de Secours. - Les Établissements Schneider accordent d'importantes subventions aux Bureaux de Bienfaisance des diverses localités où ils sont installés.
Au Creusot, ils ont créé un « Bureau de Secours » spécial. Le Bureau distribue des secours, en nature et en argent, ou des allocations mensuelles temporaires, aux ouvriers chargés de familles très nombreuses, à ceux qui ont traversé des périodes de crise et surtout aux veuves et aux orphelins de membres du personnel. Il donne également des secours mensuels aux anciens ouvriers nécessiteux qui, en petit nombre d'ailleurs, ne profitent pas de la pension complémentaire de 365 francs, n'ayant pas accompli trente années de service. Enfin des secours sont alloués à certaines familles ne dépendant pas du personnel.
Le Bureau de Secours est aidé dans sa tâche par des Commissaires enquêteurs qui se renseignent d'une manière rapide et discrète sur les demandes reçues. Ces auxiliaires dévoués sont choisis, dans les différents quartiers de la ville, parmi les ouvriers en activité ou en retraite, qui, sans froisser de légitimes sentiments de fierté, sans révéler des misères cachées, peuvent facilement parvenir à connaître la situation réelle des demandeurs.
Le budget du Bureau de Secours, pour le dernier exercice, a dépassé 150 000 francs.
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